Créer un site internet

Sobriquets collectifs (suite)

Après une interruption plus longue que prévue à Nîmes  pour des raisons indépendantes de ma volonté, je reprends enfin mon bâton de pèlerin pour achever mon tour des villes ayant été affublées d’un sobriquet. En regardant la carte du Gard, je m’aperçois que ce département est assez vaste et que je suis loin d’en avoir fait le tour. D’ailleurs, plusieurs itinéraires s’ouvrent devant moi et je me demande par où je vais commencer ?

Réflexion faite, je me dirige vers « li Couté negre » de Marguerittes, ainsi surnommés en raison des cous exposés au soleil par les vendangeurs et autres travailleurs de la terre. Mais là encore, plusieurs directions m’interpellent ? Fourques ? Beaucaire ? Remoulins ? et pourquoi pas les trois en prenant le chemin des Ecoliers !

Donc, c’est décidé, je vais passer par Redessan où je croise « lis Òmes de papier » (hommes sans volonté) puis, Manduel qui me présente « li Manjo-bourso », les Manduellois mangeaient les bourgeons qu’ils trouvaient dans les vignes de leurs voisins. A Rodilhan je rencontre « li Capelan » autrement dit, les curaillons en raison de l’attachement des Rodilhannais à la religion catholique.

Poussant jusqu’à Bouillargues, je fais connaissance avec « lis Escambarla » (ceux qui ont les jambes arquées, ou ceux qui, comme nous l’avons vu en première partie à Nîmes, qui avaient un pied dans la religion catholique et l’autre dans la religion protestante).

A Bellegarde, je m'en vais voir « li Mangacanards » (mangeurs de canards), puis à Fourques, je suis accueillie par « li Manjacacalausons » (les mangeurs de petits escargots).

Remontant par la D15, je file sur Beaucaire dont les habitants avaient deux- surnoms : « li Joyeux » en rapport, peut-être avec la célèbre Foire de Beaucaire qui constituait un grand évènement durant le mois de Juillet ? ou « li Viragauts » (les Giffleurs). Je n’ai pas réussi à trouver une quelconque explication qui m’aiderait à comprendre pourquoi ces deux surnoms. Si un lecteur peut me renseigner, je lui en saurais gré.

Je m’oriente sur Comps où une partie des habitants est surnommée « li Quoniams » (les imbéciles) tandis que « li Robins », ceux qui restent au milieu de la roubine (fossé d’écoulement) constituent l’autre partie du village.  Je me retrouve ensuite chez « li Manjagòbis » (mangeurs de gougeons) et « li Faus » (faux témoins) de Montfrin.

Itineraire gard 2 nimes pont st esprit

Je n’ai guère le temps d’apercevoir « li Pèus Rojas ou Pèuroges » (ceux qui sont rouges de peau) de Théziers et me voilà parvenue, peu rassurée, à Aramon chez « li Raubanegats » (les voleurs de noyés) où l’on m’explique que ce sobriquet leur a été attribué dans le passé car la coutume voulait que ceux qui désiraient se faire ensevelir en Arles, faisaient transporter leur dépouille sur le Rhône et des détrousseurs de cadavres volaient l’argent qui était déposé sur les corps pour couvrir les frais d’enterrement.

Continuant mon périple je décide de me diriger directement vers « li Pasartan » (les lécheurs de poêle) de Domazan puis « li Cotets Negres » (nuques noires) ou «li Pelauds » (gredins, malotrus) d’Estezargues. Je passe ensuite chez « li Saborums » (os du jambon) de Saze puis, chez « li Bomians » (les Bohémiens) de Rochefort-du-Gard avant d’atteindre « li Leserts » (les Lézards) de Villeneuve-Les-Avignon et « li Manjagrilhets » (mangeurs de grillons) de Pujaut.

A Sauveterre, ce sont « li Manjarassadas » (mangeur de lézards) qui me reçoivent et je pousse jusqu’à Roquemaure où je rencontre « li Manjacats » (mangeurs de chats) pour filer ensuite chez « li Manjarassadas » de Montfaucon où je décide de faire une courte halte afin de consulter à nouveau ma carte du Gard avant de poursuivre mon chemin.

Après une traversée rapide de Saint-Géniès-de-Comolas, où j’aperçois « li Manjacagaraules » (mangeurs d’escargots », je ne m’attarde guère à Saint-Laurent-des-Arbres peut-être en raison du surnom peu engageant de ses habitants : « li Racaniers » (crapules, canailles) pour aller souffler un instant sur « li Platas » (pierres plates) de Saint-Victor-la-Coste. « li Bocs » (les Boucs) de Saint-Paul-Les-Fonts me laissent passer sans me créer de problème et je rejoins « lis Escolabarraus » (videurs de tonneaux) et «li Sautacabras » (éleveurs de chèvres) de Connaux.

Je croise « Li Dancaïres » (les danseurs) de Tresques et suis reçue par « li Galinetas » de Bagnols-sur-Cèze. Les Bagnolais doivent ce sobriquet à leurs ancêtres qui auraient donné des poules au Pape Urbain V afin de l’aider à se rétablir de sa mauvaise santé.

Je passe parmi « li Manjarainètas » (mangeurs de grenouilles) de Saint Nazaire et « li Manjabicons » (mangeurs de figues d’une variété appelée Aubicon) de Saint-Alexandre afin de rejoindre « li Tocats » (les touchés, les fêlés » de Pont-Saint-Esprit où je vais m’arrêter à nouveau pour étudier une nouvelle fois ma carte en vue de la nouvelle route à suivre.

Etape pont st esprit uzes

Reprenant ma route, je décide d’aller visiter Aiguèze bien que le sobriquet de « li Rasclets » (pleutres, teigneux, hommes de rien) ne soit pas très engageant, avant d’aller faire connaissance avec « li Lenga de Buòus» (langues de bœuf) de Saint-Christol-de-Rodières et je fais un petit détour pour atteindre « li Carnassièrs » (Les Carnassiers) de Carsan. Poursuivant ma route, j’arrive à Goudargues où m’attendent « li Trempacuòus » (les libellules et, par métaphore, les lavandières).

Je croise ensuite « li Jovents » (les jeunes gens) de Saint-André-de Roquepertus avant d’aller visiter « li Sonailhièrs » (les sonnaillers - artisans fabricant les sonnailles pour les troupeaux) de Méjannes-le-Clap.

Je m’arrête à Lussan et m’offre un bon repas avec « li Manjatripas » (les Mangeurs de Tripes) et prend mon dessert avec « li Manjamilhassets » (les mangeurs de gâteaux de maïs) à Vallerargues, avant d’aller admirer « Li Picalausas » (les tailleurs de pierres) et « li Sautacades » (Sauteurs de Cades) de Seyne. 

Je déguste quelques délicieux fruits sauvages avec « li Manjarboças » (mangeurs d’arbouses) de Saint-Just-et-Vaquières avant de partir à la recherche des « li Boscarencs » (habitants des bois) d’Euzet.

Je me dirige ensuite sur « li Terràgrassa » de Saint-Hippolyte-de-Caton où les habitants ont hérité du surnom de « Miquelets » en rapport certainement aux partisans d’origine cévenole qui montèrent à l’assaut des troupes espagnoles de Charles Quint, au service de Marguerite d’Angoulême ainsi qu’à la guerre des Camisards et de la Terreur Blanche.

Je suis accueillie par « li Picalausas » (tailleurs de pierres) de Saint-Jean-de-Ceyrargues et je rencontre  ensuite « li Pòrcs » de Saint-Maurice-de-Cazevieille qui doivent certainement leur sobriquet à la foire aux porcs très importante qui se tenait dans ce village.

 Après avoir vu « li Coteus » (les couteaux) de Castelnau-Valence et « li Canelièrs » (les cannaies -lieux plantés de roseaux- de Saint-Dézery, je passe chez « li Sautacades » (sauteurs de cades -espèces de genévriers-) de Collorgues et croise « li Manjacogorla » (mangeurs de courge) de Bourdic, avant de m’arrêter un moment chez « li Conflatripas » (ingurgiteurs de tripes) de Blauzac.     .     

Je ne m’attarde pas chez « li Cogorliers » (plants de courges, pris ici dans le sens d’enflés, présompteux) de Sanilhac, pour m’arrêter déguster une bonne omelette chez « li Manjameletas » d’Uzès.

Après avoir visité la magnifique cathédrale d'Uzès, je suis tombée en admiration devant les bâtiments architecturaux du Duché et je n'ai pas résisté à suivre la visite guidée à travers quelques pièces en savourant l'histoire de ce superbe château.  Je n'ai pas hésité à grimper les 125 marches de la célèbre tour Bermonde pour découvrir la vue magnifique de l'Uzège.  Séduite par le site, j'ai prolongé ma halte plus longtemps que prévu et c'est avec un peu de nostalgie que je m'apprête à reprendre la route ayant fixé Barjac comme prochaine étape, mais c'est par le "chemin des écoliers" que je décide de m'orienter. 

Je visite en premier « li Topinièrs » (fabricants de marmites en terre), «li Manjacostèlas » (mangeurs de cotelettes) et « li Calabrès » (les Calabrais) de Saint-Quentin-la-Poterie et me rends ensuite chez « li Manjacésers » (mangeurs de pois-chiches) de la Bastide d’Engras.

« Li Sauvatges » de Cavillargues me réservent un excellent accueil et « li Escaudats » (les échaudés) de la Capelle Masmolène ne me paraissent pas aussi craintifs que leur sobriquet peut laisser penser.

Itineraire uzes barjac les sobriquets 1

Il m’est difficile de rencontrer « li Barrulaires » (voyageurs, vagabonds) et « li Trompabomians » (trompe bohémiens) de Pouzilhac préférant filer rapidement voir « li Manjacaulets » (mangeurs de choux) et « li Cabonièrs » (charbonniers) de Valliguières ».

A Castillon-du-Gard, « li Manjacodenas » (mangeurs de couennes) me servent un excellent repas tandis que je m’arrête chez « li Manjacebas » (mangeurs d’oignons) de Vers-Pont-du-Gard avant de rejoindre « li Cotets Negres » (nuques noires, travailleurs de la terre) de Remoulins.

« Li Cropatàs » (les Corbeaux) de Ledenon puis « li Crotz » (les Croix, dans le sens ici d’importuns) de Saint-Gervasy me laissent passer tranquillement et je poursuis ma route en direction de Poulx, Saint Anastasie pour atteindre «li Rabalencas » (ombres, poissons de rivière), « li Barbèls » (barbeaux, poissons de rivière » et « li Fenhants » (les fainéants) de Saint-Chaptes.

Brignon hésite à me présenter « li Ases » et « li Ases Borruts » (ânes et ânes velus) qui composent sa population. Il faut bien reconnaître que le sobriquet qui a été attribué à ses habitants n’est pas très flatteur.

Je file chez « li Cagaraulencs » (amateurs d’escargots) et déguste donc leur plat favori avant de rejoindre « li escaudats » (les échaudés) de Saint-Cesaire-de-Gauzignan » et « li Ingles » (Anglès, Anglais) de Martignargues. Je m’aperçois que je me suis engagée sur une fausse route et fais donc un petit demi-tour pour passer ensuite chez « li manjacogorla (mangeurs de courges) et « li Cogorliers » (plants de courges, pris ici dans le sens de enflés et présompteux) de Saint-Etienne-de-l’Olm pour me retrouver ensuite chez « li Curabachas » (cureurs d’auges) de Deaux.

Je prends le temps de m’arrêter chez « li Picalausas » (les tailleurs de pierres de Monteils avant de rejoindre « li Picasegal » (batteurs de seigle) de Méjannes-les-Alès.

A Mons, ce sont « li Bosigafum » (remueurs de fumée ou de fumier) qui me regardent passer en direction de Salindres où m’attendent « li Penjachins » (pendeurs de chiens) et  j’apprends que le village avait eu un chien enragé qui contamina tous les autres canins. Par sécurité, les habitants décidèrent de tous les tuer en optant pour la pendaison.

Les Roussonnais partagent deux surnoms : « li Cochaperàs » (chasseurs de poires sauvages) et « li Cropatàs » (les corbeaux), ainsi que Les Mages affublés de deux sobriquets : « li Mocafedas » (moucheurs de brebis » et « li Tombacrotz » (les tombeurs de croix).

A Saint Ambroix, je rentre en contact avec « li Vòlabuoù » (ceux qui font voler un boeuf). En effet, pour animer la feria durant la Guerre de Cent Ans, les habitants eurent l’idée d’annoncer qu’ils feraient voler un bœuf depuis le Roc de Jésus au Roc de Manifacia », deux rochers qui encadraient le village. Le 3 septembre 1388, un bœuf un peu gonflé vola donc devant la foule. Histoire ou légende, la festa du Vòlabuoù existe encore de nos jours.

« Li Cochàletrols » (chasseurs de lézards), me saluent lorsque je traverse Saint-Victor-de-Malcalp pour arriver chez « li Manjacrugas » (mangeurs de chenilles) de Rochegude. A Saint-Jean-de-Maruejols je suis très bien reçue par « li Manja-ase-blanc » (les mangeurs d’estomac de cochon – ase = estomac de cochon) et « li Mocafedas » (moucheurs de brebis) qui viennent aussi à ma rencontre avant mon départ pour Saint-Privat de Champclos où j’ai le plaisir de discuter un moment avec « li Cantamargalh » (chante ivraie) et « li Plantamargalh » (planteurs d’ivraie).

Me voici parvenue au terme de ce périple puisque je viens d’atteindre Barjac, but que je m’étais fixée au départ d’Uzès. La route a été belle, la ballade agréable me permettant de découvrir des sites magnifiques et des produits du terroir très variés d’un village à l’autre. Je vais donc rester quelques jours parmi « li Manjalevat » (mangeurs de fressure) afin de peaufiner mon prochain itinéraire et je vous invite à prendre quelques forces pour la suite du voyage qui nous emmènera au travers des Cévennes avec retour prévu à Clarensac.

Barjac 2

2 votes. Moyenne 2.50 sur 5.

Créer un site internet avec e-monsite - Signaler un contenu illicite sur ce site

×