Que ce soit dans l’Antiquité à Babylone lors des « Sacées[1] » «des dionysies[2]» en Grèce, des « saturnales[3]» à Rome, ces fêtes païennes qui se déroulaient toutes à la fin de l’hiver pour célébrer le retour du printemps, de la fécondité et du réveil de la nature, avaient pour point commun d’être des divertissements pendant lesquels l’ordre établi et les conditions de chacun étaient inversés. Les maîtres devenaient humbles serviteurs et les serviteurs prenaient la place des maîtres. C’est ainsi que l’on pouvait voir lors des Sacées, un condamné à mort devenir roi durant les 5 jours de fête et être ensuite exécuté.
A partir du Moyen-âge, dans diverses régions de France apparurent différentes fêtes telles la « fête des fous[4] », la «fête des ânes » la fête de « l’enfant-évêque » ou la fête des « Innocents[5] », la fête des « Diacres-souls », etc., qui ne sont rien d’autre que des survivances des fêtes païennes antiques. Ces divertissements avaient lieu en général devant les églises et bien souvent les ecclésiastiques en étaient les acteurs. L’Eglise n’appréciait guère que des religieux y prennent part et déplorait tous les débordements qui en découlaient : boissons, sexes, orgies, rixes …, mais ne pouvait s’y opposer et les interdire. Toutefois, dans sa volonté de s’imposer comme seule religion en Europe, elle parvint, après le Concile de Trente, en christianisant le calendrier à sacraliser la période de Noël grâce à la réforme de son clergé, à repousser les fêtes de fin d’année à plus tard et à rebaptiser les fêtes païennes « Carne Levare Leamen[6] » qui se transforma peu à peu en « Carnavalo » en Italie et devint en France « Carnaval » à partir du XIIIe siècle.
Depuis, les fêtes du carnaval commencent donc le jour de l’Epiphanie (jour des Rois) et prennent fin le « Mardi Gras » veille du mercredi des cendres, dernier jour avant le Carême qui dure 40 jours jusqu’à Pâques, période durant laquelle les catholiques ne doivent pas consommer de viande ni de gras. Elles symbolisent le passage de l’hiver au printemps, de la mort à la vie et signalent le renouveau de la nature, d’où ces démonstrations de joie, d’exubérance de fantaisie et d’imagination avant une longue période de privations imposée par l’Eglise. Il est à noter que le carnaval qui exprime le désordre, a toujours lieu dans des zones urbaines qui elles représentent un lieu d’ordre en opposition au monde chaotique qui se situe hors des murs. Difficile donc de dissocier l’ordre et le désordre, et laisser le second s’exprimer permet de mieux le limiter et le maîtriser.
Symboles du carnaval :
Quelques carnavals célèbres :
France : Nice, Menton, Dunkerque
http://www.recreanice.fr/carnaval-nice-2014-programme-tarif-gastronomie
https://www.google.fr/search?site=imghp&tbm=isch&source=hp&biw=1600&bih=759&q=carnaval+de+menton&oq
Allemagne : Cologne ou Munich
https://www.google.fr/search?site=imghp&tbm=isch&source=hp&biw=1600&bih=759&q=carnaval+de+cologne&oq
http://www.allemagne-service.com/Pagef/Carnavalsud.html
En Suisse : Zurich et Bâle
(Bâle étant un Canton protestant, le carnaval a lieu en pleine période de Carême)
https://www.google.fr/search?q=carnaval+de+bâle
Amérique du Nord
Rio au rythme de la Samba durant plusieurs jours
https://www.google.fr/search?q=carnaval+de+rio&biw
New Orléans
Le Jazz anime l’atmosphère de quelques villes d’Amérique du Nord
https://www.google.fr/search?q=carnaval+de+new+orleans&source=lnms&tbm
Italie
Carnaval de Venise célèbre par la richesse des costumes et des masques et reste le carnaval le plus raffiné et élégant
http://www.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fwww.gregkauffmann.com
https://www.google.fr/search?q=masque+de+carnaval+de+venise
Belgique
Les célèbres Gilles de Binche dans leur magnifique costume et qui lancent des oranges
https://www.google.fr/search?q=le+gille+de+binche&biw
Le costume est parsemé de divers dessins que sont:
- Les vingt lions rouges et noirs sont les lions héraldiques des armoiries de la province du Hainaut
- L'armorial noir-jaune-rouge, les drapeaux belges et les armoiries de Belgique
- Les étoiles noires, jaunes et rouges.
Bon à savoir:
Le gille ne possède pas son propre costume. En effet, seuls ses mouchoirs de cou, sa barette, son ramon, son panier et ses sabots sont en sa possession. Le costume ainsi que le chapeau sont loués par la société à Binche uniquement. Il ne peut en aucune forme être copié ou vendu car il reste la propriété de la ville de Binche et c'est la raison pour laquelle cela coûte cher. Il existe quatre maisons de costumes qui ne forment qu'une seule famille que l'on appelle "louangeur". Après chaque carnaval, les costumes sont décousus complètement pour être lavés puis recousus pour les sorties. Il en est de même pour les chapeaux : ceux-ci sont démontés puis remontés après le lavage des plumes.
http://gillesdetempleuve.be/histoire_du_gille_044.htm
Joyeux carnaval et à très bientôt
Anne Marie
[1] Sacées, s. f. pl. (Hist. anc.) en grec SAKAIA; fêtes qu'on célébroit autrefois à Babylone en l'honneur de la déesse Anaïtis. Elles étoient dans l'Orient ce qu'étoient à Rome les saturnales, une fête instituée en faveur des esclaves; elle duroit cinq jours pendant lesquels, dit Athénée, les esclaves commandoient à leurs maîtres; et l'un d'entre eux revêtu d'une robe royale qu'on appelloit zogane, agissoit comme s'il eût été le maître de la maison. Une des cérémonies de cette fête étoit de choisir un prisonnier condamné à mort, et de lui permettre de prendre tous les plaisirs qu'il pouvoit souhaiter avant que d'être conduit au supplice (http://portail.atilf.fr/cgi-bin/getobject_?a.107:473./var/artfla/encyclopedie/textdata/image/)
[2] Fêtes en l'honneur de Dionysos. Le rituel dionysiaque était caractérisé par des processions très animées, où chanteurs et danseurs interprétaient un hymne dit dithyrambe. Beaucoup des participants, peut-être sous l'effet du vin, entraient dans un délire mystique. Dans les cités, et notamment à Athènes, les dionysies représentaient dans l'année six périodes de fêtes ; les plus importantes étaient les grandes dionysies, célébrées au printemps pendant six journées. Les trois dernières étaient consacrées à des représentations de la vie du dieu, d'où se sont dégagées progressivement la tragédie et la comédie grecques.(http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/dionysies/43646)
[3] Les Saturnales étaient pour les Romains une fête très populaire. C’était une sorte de carnaval évoquant l’âge d’or, sur lequel régnait Saturne, et le passage de la vie sauvage à la vie civilisée. Commencées le 17 décembre, les réjouissances se poursuivaient les jours suivants ; à une époque, elles durèrent jusqu’à sept jours. Sept jours de festin, de beuveries, de cris et de rires. On s’invite, on se fait des cadeaux, on s’offre des chandelles de cire, des figurines de pain ou de terre cuite. C’est le monde à l’envers : les esclaves commandent à leur maître et ceux-ci les servent à table. On ne revêt plus la toge, mais tout le monde porte la tunique, vêtement des pauvres et des esclaves, ainsi que le bonnet de la liberté, ou pilus libertatis, coiffure des esclaves affranchis, c’est à dire libérés. (Ce bonnet, que les modernes ont appelé bonnet phrygien, est tellement devenu le symbole de la liberté et les effigies de la République en sont coiffées.) Une foule exubérante envahit les rues, de nuit comme de jour, aux cris de : Io Saturnalia ! Io bona Saturnalia ! C’est l’allégresse. (http://webetab.ac-bordeaux.fr/college-marguerite-navarre/index.php?id=5385
[4] [4] Au Moyen Âge, la fête des fous et la fête de l'âne furent très populaires. La fête des fous était célébrée le jour de Noël le 25 décembre, ou le jour de l'An ou de l'Épiphanie. Elle rappelait les Saturnales romaines. C'était un temps de liberté où les domestiques devenaient les maîtres et les maîtres les domestiques. En cette seule journée, les valeurs établies de la société étaient renversées et la religion était tournée en dérision. La fête de l'âne était célébrée dans certaines villes la veille de Noël ou au cours des secondes vêpres le 25 décembre : en souvenir de la fuite en Egypte, une jeune fille tenant un enfant dans ses bras pénétrait dans une église à dos d'âne. Pendant la messe, toutes les prières se terminaient alors par "hi-han". L'Église a rapidement interdit ces célébrations qui prenaient un caractère obscène. (http://www.culture.gouv.fr/culture/noel/franc/fous.htm)
[5] Comme pour le Carnaval, la fête des fous ou encore celle de l'âne, la fête des Saints-Innocents voyait elle aussi l'ordre de la société se renverser : un enfant était d'ailleurs désigné "évêque d'une journée"."Les enfants choisissaient l'un d'entre eux qu'ils nommaient leur évêque, comme les prêtres et les diacres élisaient un Pape. Ils le revêtaient de tous les habits pontificaux, du rochet, du camail, de la croix pectorale, du bâton pastoral et de la mitre. Eux-mêmes étaient habillés en chanoines, avec le surplis, l'aumusse et la chape, et ils occupaient les hautes stalles, tandis que les vrais chanoines occupaient les stalles inférieures. L'un d'eux était nommé grand chantre et en faisait les fonctions ; le Chapitre lui accordait même le bâton cantoral. Le petit évêque officiait à la messe chantée par un chanoine et recevait les honneurs dus à sa dignité ; il se tenait au choeur sur l'un des sièges épiscopaux. Il donnait la bénédiction solennelle et offrait à baiser son anneau. Deux de ses camarades faisaient diacre et sous-diacre. Ce dernier montait au jubé et chantait la curieuse épître farcie des Saints-Innocents, sur une très belle mélodie. Après chaque phrase latine il disait la traduction française. En 1500, il y avait un hymne spécial pour cette fête commençant ainsi : Celsa pueri concrepent melodia.http://www.citadelle.org/articles-48-Le-28-decembre-f%C3%AAte-des-Innocents-au-Moyen-Age.cfm
[6] Carne Levare Leamen : expression signifiant « enlever la chair)